Mon histoire
Un photographe nomade en quête de traditions et d'authenticité
Le premier voyage
Je m'appelle Lucas Strazzeri, je suis né à Grenoble en 1985. J'ai commencé à voyager à l'âge de 20 ans avec un aller-simple pour l'Inde et le but de rentrer par la route. Quand je suis arrivé à Lahore, au Pakistan, j'ai été ébahi. La nourriture était excellente, les gens accueillants, et je suis tombé en admiration pour l'architecture islamique. Assister à la Sufi Night du jeudi fut un événement marquant qui a déclenché mon intérêt pour le soufisme. De Lahore, je suis ensuite allé à Peshawar, la vallée de Hunza, le Cachemire pakistanais, Chitral, et les champs de cannabis de Mastuj. L'idée de poursuivre la route jusqu'en Afghanistan flottait dans l'air parmi les touristes. Certains voyageaient pour le hasch, d'autres pour les graines. Avec eux, j'ai découvert ce qu'étaient les landraces et comment le bon hasch est fait. Tous s'accordaient à dire que la meilleure qualité était en Afghanistan. Je le comprendrais plus, tard, mais 2007 était probablement la dernière année où l'on pouvait encore voyager à travers presque tout l'Afghanistan. La passe de Khyber était encore ouverte aux touristes et j'ai été brièvement kidnappé en essayant de rejoindre le marché au haschisch de Landi Kotal. La fin du voyage m'amena à travers l'Iran, la Turquie, la Grèce et l'Italie.
De retour en France, j'ai décidé de repartir avec l'argent qu'il me restait pour un autre aller-simple vers l'Inde. Il y avait des endroits que je voulais voir et d'autres dans lesquels j'avais envie de retourner. Cette fois, je savais comment me débrouiller avec peu d'argent. Le climat politique avait changé au Pakistan et le jour où j'ai fait ma demande de visa, Benazir Bhutto était assassinée. À la place, je me suis envolé pour Beyrouth au Liban. Je me suis rendu dans la vallée de la Beqaa où j'ai passé deux semaines à goûter différents types de hasch, en discutant avec les fermiers. Ces grand-pères étaient plein d'histoires de la période hippie qu'ils racontaient avec des yeux pétillants. J'ai ensuite traversé la Syrie, c'était en 2008.
Entre la Californie et l'Asie
De 2009 à 2011, je vivais à Berlin, mais je suis retourné au Pakistan pour deux mois en 2010. Je voulais voyager dans le sud du pays en suivant les mausolées sufis. L'ambiance avait radicalement changé depuis 2007 et les touristes avaient déserté le pays. Les rumeurs d'opérations secrètes de la CIA créaient beaucoup de suspicion autour de moi. Je l'ai su plus tard, mais c'était le moment où le gouvernement américain venait de confirmer la présence d'Oussama Ben Laden dans le pays. Après avoir entendu une bombe exploser à Peshawar, je me suis dit qu'il fallait faire des choix plus judicieux concernant mes destinations de voyage.
En 2012, j'ai passé une année entre San Diego et Tijuana, et obtenu un diplôme pour enseigner le Français Langue Étrangère. J'ai trouvé un poste à Mangalore en Inde où j'ai passé 6 mois à enseigner pendant la semaine, et voyager pendant les week-ends. De retour en France en 2013, j'ai travaillé en tant qu'enseignant d'Anglais avec plusieurs courts séjours en Inde et un road trip au Maroc. Dans la région du Rif, j'ai passé quelques jours chez un producteur de haschisch à Bab Berred. Du Maroc au Népal, en passant par l'Inde et le Pakistan, les histoires mêlant hippies et haschisch, mentionnaient tout le temps le rôle de l'Afghanistan pour son rôle influent.
Carrière de photographe
En 2015, avec un ami, nous avons commencé à produire des reportages photos de la scène Sound System européenne. C'est par ce biais que je me suis intéressé à la photographie de manière plus professionnelle. J'ai acheté un appareil-photo décent avec deux bons objectifs, appris à éditer une photo, et développé mes compétences. J'ai toujours voyagé avec un appareil photo compact et j'aimais prendre en photo les petits détails qui faisaient briller mes yeux.
Après trois ans de concerts, l'envie de voyager m'a repris et l'Afghanistan était toujours dans mon esprit. Je me disais que si j'y allais pour la récolte, je pourrais peut-être prendre de bonnes photos de la culture locale du cannabis. Mon but n'était pas de faire un livre, mais je suis rentré avec plus de bonnes photos qu’espéré et aucun organe de presse n'a daigné me répondre. Dans le but de montrer ces photos au plus grand nombre, j'ai décidé de créer un livre-photo. Sans budget ni expérience, j'ai fait tout le travail de mise en page et trouvé un service d’impression à la demande. La première version du livre Afghanistan : Forteresse du Cannabis s'est vendu à plus de 200 exemplaires. Les bénéfices m'ont permis d'envoyer un exemplaire aux auteurs de livres sur le sujet ainsi qu'aux activistes liés au cannabis afghan.
La presse spécialisée dans le cannabis a été un peu plus réactive et mes articles ont été publiés dans les magazines Soft Secrets and Cannabis Now. Mon histoire a aussi été publiée et traduite en plusieurs langue en collaboration avec Vice. Le livre a également reçu des critiques positives de Robert C. Clarke, Ed Rosenthal, Pierre-Arnaud Chouvy, Frenchy Cannoli, Mila Jansen, Mel Frank, et Peter Maguire. Ed Rosenthal a également utilisé trois de mes photos pour illustrer son dernier livre.
Spécialisation en photographie de cannabis
Je me suis professionnalisé dans la photographie de cannabis au cours de la pandémie, faisant l'acquisition d'un nouvel appareil, des objectifs macro et un rail de focus stacking. Grâce à un ordinateur puissant capable d'empiler des centaines d'images rapidement, je suis capable de produire des photographies détaillées de têtes séchées, de fleurs, de trichomes ou de concentrés. Je collabore actuellement avec des banques de graines underground afin d'illustrer leurs catalogues et d'améliorer leur présence sur les réseaux sociaux. Avec la croissance du marché du CBD en France ou en Suisse, et l'espoir d'un assouplissement des régulations à travers l'Europe, je suis ouvert à de nouvelles collaborations avec des entreprises innovantes, attentives à l'authenticité.
Projets futurs
Une nouvelle version du livre Afghanistan : Forteresse du Cannabis est en préparation pour 2022. Le but est de produire une version avec plus de pages pour le même prix public. Le livre sera disponible pour les revendeurs et vendu de manière plus traditionnelle. Avec un format économiquement viable, j'espère pouvoir maintenir le livre disponible tant qu'il suscite de l’intérêt. L’Afghanistan plongeant dans un futur sombre, j’espère ainsi pouvoir envoyer une partie des bénéfices aux personnes photographiées dans le livre.
Si vous avez besoin de plus d'information, n'hésitez pas à contactez-moi.